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Artistes Expositions Non classé XXI siècle

Vincent Bioulès, chemin de traverse

15 JUIN 2019 – 6 OCTOBRE 2019

Musée Fabre, Montpellier

« Je suis essentiellement un peintre du sud de la Loire. J’ai fait des croquis en Angleterre, au Japon, mais mon vrai pays est la Méditerranée, le Languedoc, Marseille, Saint-Tropez, la Catalogne, Rome et puis l’Afrique du Nord »

Vincent de Bioulès

Cette été le musée Fabre mise sur une exposition d’un artiste local, né à Montpellier en 1938, Vincent Bioulès. L’artiste peintre de 81 ans, y est représenté avec pas moins de 200 de ses toiles qui retracent son parcours des années 1950 à aujourd’hui. Ce féru de paysages méditerranéens n’a pas eu un parcours artistique bien commun. En effet, à l’issu d’une jeunesse nourrie par la grande tradition classique du paysage, il entre aux Beaux-Arts de Montpellier avant de s’installer en 1961 à l’école nationale des Beaux-Arts de Paris. Entre temps, il laisse tomber quelques temps la figuration pour l’abstraction notamment des paysages sur le motif de façon clandestine, au cours des années 1960 et le début des années 1970. Il s’investit notamment dans le groupe Supports/Surfaces dont il est l’un des acteurs principaux et l’inventeur du nom aux côtés de Claude Viallat, et également dans le mouvement ABC productions, deux mouvements dont l’objectif est de montrer l’incapacité des structures traditionnelles de diffusion de l’art (comme les Beaux-Arts) face à l’art contemporain. Son œuvre à une portée alors politique dès 1960.

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« Le Pic Saint-Loup, Saint-Mathieu rie Tréviers » Gouache, pastel et fusain sur papier recyclé

Or, à partir des années 1970, il y a un certain retour à la figuration (bien qu’il ne l’ai jamais quitté véritablement). En effet, il se consacre au paysage, genre délaissé et méprisé s’il en est, abandonné aux peintres amateurs avec des sujets tournant autour des thèmes de la mer et du sud, dans une harmonie entre terre et ciel de formats monumentaux. C’est en cela que l’artiste est devenu une figure singulière du paysage au moment où l’abstraction est en plein essor. Bioulès, lui  porte en son art un héritage de la peinture méditerranéenne de Matisse. Ainsi, combiné à son amour pour les paysages et la nature, l’artiste conserve de son expérience abstraite un lexique et une syntaxe qu’il continue d’utiliser pour « figurer le monde », dans une grande variation des supports (carnets de croquis, pastels, fusain, peintures…). L’artiste travaille en grande partie par séries, La fontaine de la Place de l’Hôtel de Ville d’Aix-en-Provence, le Pic Saint-Loup qui est la Sainte-Victoire de Montpellier, le Canigou et les platanes de Céret, les jardins de la Villa Médicis à Rome en sont quelques-unes. Des paysages autobiographies, des lieux de son enfance et d’aujourd’hui qu’il affectionne tout particulièrement. Il peint sur le motif, avec l’aide de photographies préparatoires. Il décline le motif sous forme de série, multipliant les angles de vue, fixant un instant particulier recomposé par son souvenir.

Le Pic Saint-Loup vu de Beaulieu » Huile sur toile – 16×22 cm

« Ma peinture est le témoignage d’une nostalgie. Le paysage qui s’offre à nos yeux, cet espace, cette béance est la métaphore du vide, de l’absence, de la perte et du désir que je porte en moi-même. Nous nous souvenons tous de ce que nous avons perdu, même si ce que nous avons perdu ne nous a jamais appartenu réellement. Nous nous souvenons d’un AILLEURS, d’un AUTREFOIS qui hante notre âme et dont le paysage est la métaphore ». Vincent Bioulès, Paysages du sud, 2009-10

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