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Artistes XX siècle

Joseph Kosuth et l’art conceptuel

Né en 1945, Joseph Kosuth est le chef de file du mouvement d’art conceptuel mis en place par le dada et ses ready-made ; Marcel Duchamp dans les années 1960 aux États-Unis et Royaume-Unis. Il s’agit d’un mouvement qui accorde plus d’importance aux idées et aux concepts qui sous-tendent une œuvre d’art plutôt qu’aux aspects visuels de l’œuvre produite. Le mouvement d’art conceptuel prône plusieurs critères bien définis :

  • L’œuvre ne devait pas nécessairement être un objet, dans certains cas c’était simplement un ensemble d’instructions créées par l’artiste
  • L’art conceptuel a abandonné la beauté, l’esthétique, la rareté et l’habileté comme moyens d’évaluer une œuvre d’art
  • L’art conceptuel était censé être mentalement intéressant pour le spectateur – les artistes voulaient qu’il soit provocateur.
  • Certaines œuvres d’art conceptuel interrogeaient également le rôle des musées et la manière dont le marché de l’art semblait dominer l’art et dicter la production de l’art.

C’est donc à travers ce mouvement que s’exprime l’art de Joseph Kosuth après plusieurs années d’études à la Toledo Museum School of art de 1956 à 1962, puis Cleveland Art Institute jusqu’en 1965 et enfin la prestigieuse School of Visuel Art de New-York de 1965 à 1967. Le but de son travail est de « produire du sens ». La légitimité de son travail prend un tournant officiel lorsque Marcel Duchamp le désigne bénéficiaire de la bourse Cassandra Foundation en 1968. Cela lui permet de développer son art sur divers supports (installations, expositions, publications…). Ce qui mène en 1969, année de production de « l’art après la philosophie », œuvre philosophique qui entretient le rapport entre art et support, ce qui constitue la genèse du mouvement, en étant comme un manifeste de l’art conceptuel.

En 1965, l’artiste réalise « One and Three Chairs », qui fait partie de la série des « Proto-investigations », c’est-à-dire, une série de travaux qui annoncent l’avènement de l’art conceptuel, exposé au Centre Pompidou et qui a aujourd’hui un fort succès car il s’agit de l’œuvre représentative du mouvement. « One and Three chairs » rappelle également les « Philosophical Investigations » de Wittgenstein. L’œuvre de Kosuth repose sur trois éléments : une chaise quelconque, sa photographie, et sa définition rapportée d’un dictionnaire anglais. La chaise étant un élément banal, utilisée au quotidien, elle est ici représentée triplement, sous un différend aspect à chaque fois. Donc une triple représentation d’une même chose mais  sans qu’il n’y ait de réelle répétition formelle. Avec cette œuvre, on comprend parfaitement la notion de concept de l’œuvre primant face à son aspect visuel. Le concept devient ainsi l’essence de l’art au détriment de la matérialité et cela constitue l’une des plus grandes innovations artistique du XX siècle.

NEON :

L’objet n’est rien d’autre que ce qu’il est, ni signification extérieure, ni support, ni objectivité il donne à voir des propositions artistiques dont les titres exposent objectivement ce que sont ces objets.

Par exemple : « FIVE WORDS IN ORANGE NEON », 1965 .Ce travail expose cinq mots qui invitent les spectateurs à ne pas regarder autres choses que ce qu’ils voient .Il réduit l’œuvre à une enquête sur sa nature propre, tout en écartant la notion de beau tel que Duchamp avait mis en place avant lui. Le but de son travail est de produire du sens même s’il faut pour cela bannir le côté esthétique de l’œuvre. Se basant sur une tautologie ; « l’art est la définition de l’art », il affirme que l’art relève du domaine des idées qu’il n’a rien à voir avec l’esthétique et le gout .Il parle alors de proposition artistique plutôt que d’œuvres.

Pour lui une une œuvre est la présentation de de l’intention de l’artiste : si celui-ci déclare que cette œuvre d’art -ci set de l’art, cela signifie que c’est une définition de l’art.

C’est pourquoi, on commence à trouver dès la fin du XX siècle, la notion de philosophie liée à l’art. Ainsi, en 2009-2010, Joseph Kosuth est invité par le Louvre pour réaliser une œuvre in sito intitulé « Ni apparence ni illusions ». Il écrit au néon blanc quinze phrases inspirées de Nietzche sur les murs du Louvre médiéval réparties de façon minimales sur le parcours, proposent une quête à la fois physique et introspective. On retrouve ainsi encore une fois, la notion de travail sur les relations entre les mots et les choses que l’on retrouvera tout au long de sa vie. L’artiste qui d’ordinaire recourt à la citation, a pour la première fois depuis 1979, choisi de rédiger lui-même le texte de cette exposition ; « Quinze pierres en place, toutes sorties de l’ombre, ces mots lumineux rendent visibles celui qui voit mais aussi celui qui est vu. Les pierres et les mots s’assemblent pour produire à la fois un mur et un texte ».
Kosuth réalise de monumentales installations de textes, critiques philosophiques ou littéraires, sur les monuments anciens. Son œuvre est conservée dans la plupart des collections publiques et privées en Europe, aux États-Unis et au Japon. Il avait auparavant participé à la Biennale de Venise en 2007 et était intervenu sur l’île San Lazzaro ou encore à la Casa Encendida  à Madrid en 2008.

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