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Artistes XX siècle

Fernand Léger, les constructeurs

État définitif, 1950. Huile sur toile, Musée National Fernand LÉGER, Biot, France.

« Je ne sais pas ce que c’est un sujet ancien ou moderne ; je ne connais qu’une interprétation nouvelle et c’est tout. »

Fernand Léger peint ce tableau en 1950, lors de l’occupation allemande, il s’est alors réfugié aux Etats-Unis et retrouve ses amis artistes comme Marcel Duchamp, Piet Mondrian ou encore André Breton. A New-York il est fasciné par les nombreux grattes ciels qui structures la ville moderne, ces bâtiments symbole de progrès et de société nouvelle devient une source d’inspiration. Dans « les constructeurs », Fernand Léger rend comme un hommage à ces héros modernes qui bâtissent nos villes nouvelles ; les ouvriers, si peut représenté dans l’histoire de l’art.

Fernand Léger né en Normandie en 1881. Très tôt passionné par le dessin, s’installe rapidement à Paris et fréquente les nombreuses académies de peintures. Ainsi il se lie d’amitié avec Marc Chagall, Blaise Cendrars et Robert Delaunay entres autres. En 1907 a lieu une rétrospective Cézanne qui le marquera profondément, ce sera pour lui le début de l’aventure de l’art cubiste.

Brancardier durant la première guerre mondiale, Fernand Leger est au cœur de la souffrance française et cela changera radicalement son art cubiste. Après le conflit mondial, Léger expose énormément dans les salons et les expositions, ce qui lui permettra de se faire remarquer par les critiques d’art, très important au XIX siècle. Or, son art est qualifié par la critique comme étant « tubiste » car contrairement à Braque ou Picasso les chefs de file du mouvement cubiste, Léger lui, traite les éléments picturaux de manière cylindrique. Par cette technique, il tente de traduire la vitesse du monde moderne. Et ce monde moderne devient rapidement sa principale source d’inspiration.

« Les constructeurs » est une toile aux dimensions monumentales qui représentent six ouvriers en plein travail de construction d’un immeuble moderne. C’est une toile qui regroupe tous les critères de l’art moderne ; Léger suggère un effet de profondeur sans toutefois utilise de la perspective traditionnelle (comme le font les peintres cubistes), il affirme également la planéité de son support et utilise des couleurs primaires sans aucunes nuances. La force du tableau est sa composition parfaitement équilibré entre les protagonistes, les différentes poutres rectilignes, les cordes, et les nuages en fond. Ce grand équilibre de la composition est fait d’éléments figuratifs sur le mode de l’ascension du regard du spectateur, de bas en haut, comme si le spectateur observait un building. De plus, la distribution des couleurs permet la hiérarchisation progressive du regard. Et ces couleurs sont donc primaires (on retrouve du bleu, rouge, jaune et bleu), sans aucune nuances, cela apporte une certaine gaité à l’œuvre mais aussi un aspect surréaliste/surnaturel que l’on retrouve dans ces nuages sur fond bleu pour suggérer le ciel bleu, comme si la scène se déroulait dans le vide. Les poutres que portent les ouvriers n’ont ni fin ni début ce qui confirme ce dernier fait : on se situe dans le vide. Peintes de couleurs elles-aussi primaires, elles peuvent rappeler l’art de Le Corbusier avec son œuvre « la cité radieuse », construction contemporaine de l’œuvre de Léger.

Les quatre hommes qui agissent comme un seul, portent casquette et maillot rayé ou à pois, pantalons de toile rustique, soit les vêtements typique de l’ouvrier de chantiers que Léger se plaisait à porter lui-même. Représentés comme des figures de héros modernes, ces ouvriers ne semblent pas souffrir du poids des poutres qu’ils portent. Ils sont en totale harmonie avec le fond et la structure qui cadre l’œuvre. Or, cette harmonie est rompu par la présence d’un morceau de bois aux pieds des hommes, cela vient brouiller cette cohésion d’ensemble et vient peut-être nous rappeler les origines de l’homme et de sa ville dans un aspect là-encore surréaliste.

On retrouve dans son œuvre le lien particulier que le peintre entretien entre la conception de l’espace dans la peinture et la conception dans l’architecture, que l’on perçoit dans d’autres de ces œuvres comme « les fumées sur le toit » (1911) ou encore « les fumeurs » (1911). Cela montre l’intérêt de Léger pour le dynamisme urbain en plein essor dans les villes modernes. La ville se développe au même titre que l’art de Fernand Léger.

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