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Artistes Expositions XX siècle

Norman Rockwell, peintre profondément américain

Mémorial de Caen : du 7 juin au 27 octobre 2019 : ROCKWELL, ROOSEVELT & LES QUATRE LIBERTES.

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Né en 1894 dans la ville de New-York, aux Etats-Unis. Il a déjà des prédispositions pour le dessins très jeune, cela le passionne. En 1908 il s’inscrit à l’école des Arts de New-York. Deux ans plus tard, Norman Rockwell illustre son premier livre intitulé « Tell me why, stories about mother nature » de Carl H. Claudy. Paragraphe

Cette même année il est choisi par l’organisation des boy-scouts américains pour illustrer leur revue, Boy’s life. À 19 ans, il devient directeur artistique pour la revue, et publie sa toute première couverture de magazine. Rockwell décide par la suite de partir de New-York pour se rendre à Philadelphie où il commencera à travailler pour The Saturday Evening Post en tant qu’illustrateur. On l’oublie trop souvent, mais Norman Rockwell était avant tout un grand illustrateur. The Saturday Evening Post lui permet un début de reconnaissance artistique. Il y travaillera jusqu’en 1963. Ce magazine transformera profondément sa vie et sa carrière artistique.  L’art de Norman Rockwell se situe dans une période charnière de l’histoire de l’illustration. Il est l’héritier de la tradition « naturaliste » américaine du XIXe siècle. Mais sa peinture est représentative d’une nouvelle manière qui s’imposera avec l’essor des magazines illustrés (entre les années 1920 et 1950 aux États-Unis). Il fait le lien entre héritage du XIXe et modernité des magazines du XXe.

Puis, l’artiste prend un tout nouveau virage artistique en développement avec son époque et sa société : la réalisation d’une campagne de publicité. Et pas n’importe laquelle : Coca Cola, qui à l’époque n’était pas encore mondialement célèbre. Par la peinture et son style, Rockwell incite à boire cette boisson purement américaine. En tout, ce sont six peintures réalisées pour l’entreprise entre 1928 et 1935, des peintures illustrant parfaitement les Etats-Unis à cette époque. Finalement Coca Cola ne gardera que trois de ces œuvres, aujourd’hui à des collectionneurs privés. Le mystère demeure sur les autres toiles aujourd’hui disparue. Cependant, les spectateurs lui reprocheront d’illustrer l’idéalisation du rêve américain du peintre ainsi que d’une famille classique loin de la réalité.

Dans la même lignée, il publie en 1943 les quatre libertés qui est un succès mondial. Rockwell est ainsi considéré par les américains comme l’un des artistes les plus populaires. Cette reconnaissance permet à l’artiste de voyager de ville en ville, de pays en pays suivant les commandes artistiques. Lors de la seconde guerre mondiale, l’artiste américain illustre le discours des quatre libertés de Franklin Roosevelt qui permet une récolte de fond pour l’effort de guerre. Il dénonce alors la liberté d’expression, la liberté de conscience, de vivre à l’abri du besoin, et d’être protégé. Ces dénonciations sont les prémices de l’art engagé de Rockwell.

Triple autoportrait (ou Triple Self-Portrait, titre original en anglais) est une célèbre illustration de couverture de magazine de Norman Rockwell. Peint à l’huile sur toile, ce tableau est publié dans le numéro du Saturday Evening Post datant du 13 février 1960, à l’occasion de la parution de l’autobiographie de Rockwell, dont le magazine publiait les premières pages. L’artiste utilise ici une mise en abyme, se représentant en train de peindre son autoportrait. On y voit Norman Rockwell, de dos, peignant sur une toile son autoportrait, à l’aide de son reflet dans un miroir. Le peintre est ainsi présent une multitude de fois dans le tableau : de dos, dans le reflet du miroir et sur la toile, mais aussi dans un croquis préparatoire accroché sur la toile, sous divers angles. Une belle prouesse technique qui contient une multitude de détails, comme de nombreux symboles relatifs aux États-Unis, ou la signature du peintre. On distingue aussi les autoportraits de Dürer, de Rembrandt, de Picasso et enfin de van Gogh, punaisés dans le coin supérieur droit de la toile.

L’œuvre « Le problème qui nous concerne tous » réalisée en 1963 est certainement la plus connue et la plus engagée des œuvres de l’artiste. Représentant Ruby Bridges, une petite fille âgée de 6ans, prenant la place centrale de l’œuvre, elle est le sujet principal. Il s’agit d’une petite fille noire en robe blanche, la première admise en 1960 dans une école réservée aux blancs à la Nouvelle-Orléans. Un évènement majeur dans la lutte pour les libertés en Amérique. L’œuvre est réalisée pour le magazine look auquel il travaillera pendant 10 ans. Dans cette école de la Nouvelle-Orléans, une seule professeure acceptera de lui donner des cours. La jeune fille est alors représentée en train de se diriger vers l’école encadrée par des gardes. Ruby devient à elle seule un symbole de combat pour les droits civiques aux États-Unis. Sa robe blanche transpose l’idée d’innocence et de pureté de son être. Les agents de sécurités qui l’entourent sont reconnaissable à leurs brassards jaune qui représente la loi, ils sont tout à fait anonymes, car le cadrage coupe au niveau de leurs cous. Ils sont uniquement caractérisés par leurs fonctions.  De plus, leurs très grande tailles accentues la fragilité de la fille qui semble pourtant insensible à ce qui se passe autour d’elle ou à la violence qui l’entoure. En effet, sur le fond, on peut apercevoir des inscriptions de graffitis « nigger » qui est une insulte ou encore « kkk » en référence au groupe klux klux klan. De plus, une tomate est jetée sur le mur, le rouge crée un fort contraste avec le fond et symbolise la violence. Cette tomate est destinée à la jeune fille au centre du regard du spectateur, on en voit qu’elle. Cela explique la présence des agents sur place. La jeune étudiante est entourée de menaces au quotidien. Les personnages sont pris sur le vif, en plein mouvement, se rendant à l’école, la scène n’est pas statique. Ces cinq protagonistes marchent vers l’ouest, ce qui symbolise un avenir meilleur, l’espoir. On passe ainsi symboliquement à une nouvelle ère (on peut aussi penser à la conquête de l’Ouest qui symbolise les même idées).

L’artiste prend parti pour la jeune file et dénonce l’égalité des droits malgré l’hostilité de la population qui se manifeste dans le titre de l’œuvre.

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